lundi 25 mai 2015

Une carte des zones de biodiversité à protéger

Jeudi dernier (22 mai) c’était la journée mondiale de la biodiversité et elle avait cette année pour thème : « la biodiversité pour le développement durable ». Cette date du 22 mai coïncidait avec l’anniversaire de la Conférence de Nairobi du 22 mai 1992, au cours de laquelle les pays membres des Nations Unies ont finalisé la rédaction de la Convention sur la diversité biologique. Celle-ci a ensuite été définitivement adoptée le 5 juin 1992, à Rio de Janeiro (Brésil) lors du Sommet de la Terre.


Aujourd’hui voici une belle carte qui illustre bien la situation actuelle et les objectifs de cette journée. Mais avant de passer aux aspects cartographiques, un petit rappel des enjeux:


La protection de la biodiversité est un des grands défis de ce début de 21ème siècle


La disparition des espèces s’est en effet considérablement accélérée ces dernières décennies (de 1000 à 10 000 fois plus rapidement que le taux naturel d’extinction) et nous filons tout droit vers la sixième grande vague d’extinction de l’histoire de la Terre.


Identifions quelques-uns de ces tueurs :


  • Pollution, urbanisation, déforestation et disparition des zones humides contraignent la faune sauvage à abandonner son milieu de vie. La mauvaise gestion de l’agriculture, des forêts et des pêches accélère également ce processus destructeur.

  • Le réchauffement climatique est également l’une des causes les plus importantes de l’appauvrissement de la diversité biologique, notamment par la destruction ou la transformation radicale des habitats naturels.

L’avenir de l’humanité est étroitement lié à la diversité biologique


Plus de 3 milliards de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière, et quelque 1,6 milliard de plus comptent sur les forêts et les produits forestiers non ligneux pour trouver leurs moyens de subsistance (1). Les services écologiques rendus par cette biodiversité sont nombreux et indispensables au développement durable et à notre confort quotidien: maintien de la qualité de l’air, prévention des catastrophes naturelles, production de médicaments, ressources alimentaires : la nature joue un rôle vital dans le quotidien de nombreuses populations à travers le monde. Il apparaît donc aujourd’hui essentiel de lier biodiversité et économie afin d’atteindre des objectifs économique et sociaux durables. Cette perspective d’intégrer la nature à la sphère mercantile est plutôt effrayante et porteuse de risque mais puisque la simple préservation de ce patrimoine, sans arrière-pensée, est aujourd’hui plutôt utopique, pourquoi pas…


Une carte pour identifier les zone  de concentration de la biodiversité


Après cette introduction un peu trop longue, voici une carte qui illustre bien le propos (et c’est tout de même le but de ce blog).


Biodiversité


Si vous ne l’avez pas déjà vue(2), cette carte de la biodiversité mondiale est produite par le Dr. Clinton Jenkins, de l’Université d’État de Caroline du Nord. Avec des collègues américains et britanniques, il a cartographié les plus grandes concentrations mondiales d’amphibiens, d’oiseaux et de mammifères avec une précision 100 fois supérieure aux précédentes estimations, ce qui nous donne un instantané de la santé de la biodiversité à l’échelle 10 km par 10 km. Selon lui « Nous devons savoir où vivent les espèces, celles qui sont vulnérables, et où les actions humaines les menacent. Nous avons de meilleures données que par le passé – et de meilleures méthodes analytiques. Nous les avons mariées à des fins de conservation ».


Ces données révèlent des tendances de la biodiversité pour les différents types d’espèces, avec des rouges profonds et des jaunes illustrant la densité la plus riche au cœur de l’Amérique latine (forêt amazonienne),  tandis que les tons de bleu dans les déserts du monde indiquent une moindre concentration. Les chercheurs espèrent que ces données permettront aux décideurs de faire un meilleur usage des ressources limitées de conservation pour protéger les espèces les plus vulnérables de la planète.


La série suivant, centrée sur l’Amérique du sud, indiquent les régions où la densité de la biodiversité est la plus riche pour les oiseaux (à gauche), les mammifères (au centre), et les amphibiens (à droite) :


Biodiversité amérique du sud


Le Dr Lucas Joppé, de Microsoft Research à Cambridge, co-auteur de l’étude, explique que les zones de biodiversité les plus importantes présentent un taux plus élevé de protection que la moyenne mondiale. Malheureusement, il est encore insuffisant compte tenu de l’importance de ces zones”. “Il existe une inquiétude croissante [concernant le fait] que nous sommes à court de temps pour développer le réseau mondial d’aires protégées”, poursuit-il. “Le choix des régions du monde bénéficiant d’une protection finira par décider quelles espèces survivent et lesquelles vont disparaître.


Voici également une illustration du gradient latitudinal de densité de la biodiversité (qui est logiquement plus importante dans la zone intertropicale).


Biodiversité amérique du sud 2


Si vous voulez en savoir plus sur ce thème de la biodiversité :


  • La carte des espaces protégés en France (sur Géoportail) : http://geoportail.fr/url/7F7T6Y

  • Le tout nouveau plan national d’actions en faveur des abeilles et des pollinisateurs sauvages qui a pour objectif de faire des abords routiers des espaces d’accueil pour les insectes pollinisateurs, mais qui ne règle malheureusement pas le problème essentiel des pesticides qui déciment les abeilles : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-accotements-routiers-au.html

  • Les sites web du PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement) et de la CNB (convention sur la diversité biologique).

1 : cette étude a déjà 2 ans (juin 2013) mais j’ai pensé que le moment était approprié pour la ressortir. La carte n’a de toute façon pas du beaucoup changer, avec juste un peu moins de rouge et de jaune…


2 : selon les Nations Unies


Sources : www.in-terre-actif.com, www.developpement-durable.gouv.fr, www.notreterre.org, http://e360.yale.eduwww.savingspecies.org



Une carte des zones de biodiversité à protéger

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

lundi 18 mai 2015

The refugee project : une carte des réfugiés dans le monde depuis 1975

Depuis mercredi 13 mai la commission européenne a mis en place un plan d’action « immigration » dont la mesure phare est la création de quotas pour les pays membres; cette question des réfugiés est au centre des attentions après l’hécatombe du 21 avril dernier et la mort de 800 personnes dans le naufrage du chalutier au large de la Libye. Ce drame a eu lieu aux portes de notre citadelle européenne, Eldorado des migrants, mais ce phénomène est mondial et chaque jour c’est 23 000 personnes qui doivent fuir leur domicile pour échapper aux guerres, conflits, persécutions et violations des droits de l’homme. Certains trouvent un endroit sûr à l’intérieur de leur propre pays, tandis que d’autres ont besoin de fuir plus loin. Nombreux sont ceux qui ne reviendront pas, les épreuves du voyage (océan, champs de mine,…) auront raison d’une partie d’entre eux, les autres, plus chanceux, franchiront des frontières internationales et deviendront des réfugiés.


La carte interactive du Refugee project mené par l’Agence Hyperact synthétise des données du HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) pour nous raconter visuellement ces migrations forcées à travers le monde depuis 1975. Pas moins de 500 heures de travail ont été nécessaires pour élaborer ce projet et mettre en forme cette montagne de données.


Comment sont représentées les données de cette carte des réfugiés:


  • La taille des cercles varie en fonction de l’évolution du nombre de migrants depuis le pays.

  • Les lignes qui partent de ces cercles représentent les parcours des réfugiés vers les pays où ils ont obtenu l’asile.

  • A gauche de la carte sont indiqués le nombre de réfugiés en pourcentage de la population et les pays qui sont, chaque année, les plus concernés par les départs de réfugiés.

Refugee project


Les auteurs sont même allés plus loin en nous donnant la possibilité (en cliquant sur le titre en blanc) d’en apprendre plus sur les principales crises à l’origine de ces flux, en donnant des explications historiques et des éléments de contexte. Il est ainsi possible d’avoir des précisions sur certains cercles particulièrement importants (par exemple : génocide Rwandais en 1994, invasion de l’Afghanistan en 2001, guerre du Darfour en 2003,…) Les exemples sont nombreux et l’imagination humaine dans ce domaine quasi sans limite…


Cette carte des réfugiés donne également la possibilité très intéressante de changer de point de vue et d’afficher les données sur les pays d’accueil et donc de voir l’évolution de l’asile dans un pays donné, ainsi que les origines des demandeurs. On y apprend d’ailleurs des choses étonnantes qui vont à l’encontre des idées reçues, par exemple : en 2012 les SriLankais ont été les plus nombreux à être accueillis en France, suivis par les Cambodgiens. Ou encore, en 2009, 2010, 2011 et 2012 les deux pays qui accueillaient le plus de demandeurs d’asile étaient l’Iran et le Pakistan…


Si vous souhaitez parcourir par vous même ce formidable outil, c’est ici.


Le droit international impose aux nations unies d’assurer la protection des demandeurs d’asile en raison d’une crainte fondée d’être persécutés pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d’appartenance à un groupe social particulier ou opinion politique. Les auteurs de la carte souligne que les données représentées sont toutefois lacunaires puisque, par exemple, les réfugiés pour raisons de catastrophes naturelles ou raisons économiques ne sont pas comptabilisés. En l’état les chiffres sont tout de même impressionnants : en 1975 on comptait environ 3,5 millions de réfugiés dans le monde, ils seraient aujourd’hui 4 fois plus (environ 13 millions). Les différents conflits actuels (Syrie, Ukraine, etc) se chargeant de battre rapidement ce triste record.


Ps: Chose étonnante, la carte indique qu’en 2012 il y avait 100 réfugiés français dans le monde (à 80% au Canada et aux USA). Ceux-ci devraient normalement, de par leur nationalité, être relativement à l’abri des dangers auxquels sont soumis les demandeurs d’asiles classiques. William Spindler, porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les Réfugiés, nous donne la réponse : il s’agit pour la plupart d’enfants ayant la nationalité française (nés en France de parents étrangers) mais qui fuient avec leurs parents la zone de conflit où leur famille était retournée.


Sources: www.therefugeeproject.org, www.jolpress.com, hyperakt.com/items/refugee-project, designandviolence.moma.org



The refugee project : une carte des réfugiés dans le monde depuis 1975

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

dimanche 3 mai 2015

Une Carte interactive du Londres de Shakespeare

Cette ancienne carte, également connue sous le nom de « carte d’Agas » (ou Civitas Londinum) nous revient en version interactive grâce à Janelle Jenstad, de l’Université de Victoria en Colombie-Britannique.


Contemporaine de la naissance de Shakespeare (1564-1616), cette carte urbaine nous donne l’occasion de mieux connaître la capitale de l’Angleterre du 16ème siècle, très présente dans les œuvres du célèbre dramaturge. La ville y est déjà d’importance (on voit qu’elle commence à déborder de ses murailles) mais conserve un aspect médiéval avec, en périphérie, des scènes de la vie quotidienne : lessive dans les champs, récoltes agricoles ou entraînement des archers. Les rues, tavernes, églises, cafés et théâtres de l’époque y sont représentés avec une grande précision, mais vous aurez du mal à les retrouver aujourd’hui puisqu’ils ont pratiquement tous disparus à la suite du grand incendie de 1666.


Cette nouvelle version de la carte (qui était à l’origine gravée sur bois) est une mine d’information sur l’urbanisme de l’époque : de très nombreux bâtiments sont référencés et il suffit aujourd’hui de choisir sa thématique dans le menu de droite et de cliquer sur le bâtiment voulu pour voir apparaitre les principales caractéristiques de ce dernier, accompagnées d’une bibliographie des ouvrages d’époque qui le mentionnent.


Par exemple, ci-dessous, des informations sur les portes de la ville (ici la porte de la rue Bishop) :


Londres Agas


Ce mariage improbable entre une carte historique et la technologie moderne est ici particulièrement intéressant ; il nous permet de parcourir cette Londres médiévale, un peu à la manière de Google map aujourd’hui…


Si vous aussi vous voulez rêver de la vie quotidienne de Shakespeare et ces concitoyens c’est ici, sur le site « early – modern map of London ». Par contre, au vu du nombre de taverne dans toute la ville (seulement sept de référencées!) la vie y était certainement beaucoup moins agréable qu’aujourd’hui…



Une Carte interactive du Londres de Shakespeare

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie