jeudi 25 décembre 2014

Les nouvelles données gravitaires des fonds océaniques

Je sais que ce titre d’article n’est pas très affriolant, mais il donne l’occasion d’admirer une très belle carte, la plus détaillée disponible actuellement sur les fonds océaniques.


La catastrophe de la Malaysia Airlines et la disparition de l’appareil MH370 a montré à quel point l’océan est vaste et le peu que nous savons de lui. En fait, nous en savons environ 100 moins sur lui que sur la topographie de Mars…


Mais depuis peu, avec les recherches de la Scripps Institution of Oceanography (de l’université de San Diego), les connaissances mondiales sur la bathymétrie du globe ont fait un bond en avant : le couplage des données existantes avec des mesures gravitationnelles nouvellement acquises (grâce aux satellites CryoSat-2 et Jason-1 de l’ESA  et de la NASA) ont permis d’atteindre un niveau de détail inconnu jusqu’alors et de cartographier le plancher océanique avec une grande précision.


David Sandwell, l’auteur principal de l’étude compare ces améliorations cartographiques au passage de la télévision ordinaire à la télévision HD : “De loin, les deux images sont semblables, mais en vous approchant de la télévision HD vous pouvez distinguer les coutures du ballon de football ou les brins d’herbe de la pelouse, alors que c’est impossible avec les anciens modèles.


Auparavant, les navires cartographes des fonds marins avaient tendance à se désintéresser des zones de pauvreté biologique ou de structures géologiques plus âgés (comme l’hémisphère sud). Ces nouvelles données satellitaires ont donc été en mesure de combler ces lacunes sur ces zones marines oubliées.  Sandwell et son équipe y ont notamment découvert des milliers de volcans sous-marins et une crête océanique de 800 km de long qui s’étend dans l’océan Atlantique Sud.


Voici quelques cartes nouvellement créées grâce à ces données satellitaires (cliquer pour agrandir) :


Anomalie gravitionnelle de l'antarctique nord Les anomalies gravitionnelles de l’Antarctique nord


La carte ci-dessus représente les fonds marins de l’Atlantique nord et les couleurs distinguent les variations de gravitation (dues à l’altitude et à la tectonique des plaques) : les zones bleues ont ainsi une faible gravité, les vertes une gravité normale et les zones rouges, qui suivent les crêtes océaniques, ont la plus grande force gravitationnelle (ce sont aussi celles où les tremblements de terre d’une magnitude supérieure à 5,5 ont lieu).


Anomalie gravitionnelle de l'antarctique nord2


La carte ci-dessus montre bien les variations d’altitude des fonds marins : les plis noir et blanc sont des zones de fractures créées par l’expansion océanique il y a plus de 180 millions d’années.


Triple jonction de l'océan indien La triple jonction de l’océan indien


Cette carte montre l’intersection de trois grandes plaques : la plaque africaine (à gauche), la plaque australienne (à droite), et la plaque de l’Antarctique (en bas). Ce n’est pas vraiment flagrant pour les yeux profanes mais on distingue tout de même aisément les zones de fracture qui sont, comme sur les cartes précédentes, représentées par les variations de couleur.


C’est bien joli mais à quoi cela va-t-il nous servir, concrètement ?


Ayant devancés la critique, les chercheurs ont listé plusieurs types d’utilisation de cette avancée cartographique :


  • Pour le grand public: les données seront utilisées par Google Earth, qui permet également de faire une ballade virtuelle dans les profondeurs marines (les modèles y seront donc plus précis).

  • Pour le monde scientifique: ces données constituent une avancée importante dans la compréhension des processus géologiques des fonds marins et elles permettront de mieux reconstituer certaines phases de l’histoire tectonique et géologique des continents.

Deux autres applications dont je vous laisse seuls juges de l’intérêt :


  • Une utilisation militaire: l’armée pourrait utiliser ces données pour une navigation plus précise et un meilleur guidage des missiles sous-marins.

  • Un potentiel d’exploration: ces données pourrait être utilisées comme un outil de reconnaissance pour l’exploration pétrolière, afin de mieux repérer les bases sédimentaires.

 


Source: qz.com et Scripps Institution of Oceanography



Les nouvelles données gravitaires des fonds océaniques

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

L’hyperactivité du Père noël de la General Drafting Company

Je me suis en peu creusé la tête aujourd’hui pour trouver une carte en rapport avec cette journée de Noël et je suis finalement tombé sur cette belle illustration de la General Drafting Company (un des 3 éditeurs historiques de cartographies aux USA). Cette carte nous montre que le père Noël n’est finalement pas aussi occupé que ce qu’il veut bien nous faire croire et qu’il a largement le temps de s’adonner à quelques uns de ses hobbies : pêche au requin en Australie, rodéo au Texas, braconnage en Sibérie, ou simplement boire un petit rouge dans le sud ouest de la France…


On remarquera aussi que le Père Noël à modernisé son équipement puisqu’il se déplace aujourd’hui en cabriolet et non plus en traîneau.


Cette carte a été publiée pour la première fois en 1950 et a récemment été numérisée et postée par l’American Geographical Society Library of UW Milwaukee sur Twitter (mais malheureusement en basse résolution).


Joyeuses fêtes à tous !


Quelques extraits de la carte :


Carte des hobbies du Père Noël - extrait 1


Carte des hobbies du Père Noël - extrait 4


Carte des hobbies du Père Noël - extrait 2


Carte des hobbies du Père Noël - extrait 3



L’hyperactivité du Père noël de la General Drafting Company

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

dimanche 14 décembre 2014

Pollution marine et carte des déchets plastiques flottants

L’énorme masse de plastique qui pollue nos océans et son écosystème a pour la première fois été quantifié par une étude scientifique publiée dans PLOS one: ces chercheurs des USA, de France, du Chili, d’Australie, d’Afrique du Sud et de Nouvelle-Zélande ont effectué des prélèvements sur quelques 1500 sites pour arriver au bilan suivant:



L’ensemble de la pollution des océans par les plastiques flottants est évaluée à 5,25 mille milliards de particules, soit 268 000 tonnes (ou l’équivalent de 27 Tours Eiffel), de la plus petite particule jusqu’à des pans entiers. Les résultats montrent que l’ensemble des zones océaniques sont touchées y compris les plus éloignées. Si les densités de plastiques dans les zones de convergence ou gyres océaniques sont inférieures aux prévisions, les zones côtières, notamment la Méditerranée, sont particulièrement affectées. Les chercheurs concluent donc que les zones de convergence sont moins des zones d’accumulation permanentes que des lieux de transfert, de transformation et de redistribution des plastiques.


La carte interactive ci-dessous illustre les résultats de cette étude et a été créée à partir des données issues des 24 campagnes océanographiques réalisées ces 6 dernières années et publiées sur le site web Sailing seas of plastic. Chacun des points représente l’équivalant de 20 kilos de plastiques flottants.


 


 



 


 


Les conséquences de cette pollution sont très variables et dépendent de la taille des éléments qui la constituent :


Le Docteur Markus Erikssen de l’institut 5 Gyres, indique que “malheureusement, avec une répartition mondiale, les effets de ces particules touchent tous les écosystèmes océaniques, y compris les organismes marins notamment les filtreurs, le zooplancton et les organismes vivants dans les sédiments. Ils peuvent également concentrer les polluants organiques et altérer le fonctionnement des chaînes alimentaires”.  Les plus gros morceaux peuvent ainsi étrangler des animaux de taille importante comme les phoques, tandis que ceux de moins d’un centimètre sont ingérés par les poissons qui nourrissent souvent le reste de la chaîne alimentaire, les humains y compris…


Il ajoute qu’« Il paraît essentiel de favoriser l’utilisation de produits innovants pour le remplacement des objets à usage unique. La bonne nouvelle est que l’arrêt des apports permettrait une dégradation dans le temps des plastiques présents et la diminution du problème. Il est temps de traiter ce problème à la source afin d’entrer dans une démarche de restauration et de responsabilité “.


En conclusion, un petit geste simple : faire ses courses avec un sac réutilisable et ne plus se servir de sacs plastiques jetables, emblèmes de notre société de consommation (et de déchets). Un sac en plastique c’est 1 seconde de fabrication, 20 minutes d’utilisation moyenne, et environ 400 ans pour se dégrader…


 


Sources : http://wwz.ifremer.fr, www.lespetitsgestesdurables.fr



Pollution marine et carte des déchets plastiques flottants

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

dimanche 7 décembre 2014

Paper Cities – Les sculptures cartographiques en papier de Matthew Picton

Voici quelques unes des œuvres de l’artiste-cartographe anglais Matthew Picton (qui vit aujourd’hui dans l’Oregon) et de son projet “Paper sculptures”.


J’aime beaucoup sa démarche: la structure de ses cartes n’est plus un matériau inerte sans rapport avec le produit mais un élément à part entière de l’histoire du lieu représenté!


En mêlant recherche historique et papercraft il nous livre ces fascinantes sculptures cartographiques et sa vision de certains événements historiques; chaque carte est ainsi construite à l’aide de pages de livres et autres documents en rapport direct avec la ville:


La carte de Las Vegas est par exemple construite avec des bouts de texte du livre “Las vegas parano” de Hunter S. Thompson alors qu’on trouve dans la carte de Dresde(1) des éléments de partition de l’opéra “l’anneau du Nibelung” de Wagner…


Quelques exemples:


Jerusalem - Mathew Picton Jérusalem, créée à partir du Nouveau Testament, la Torah, la Bible et le Coran arménien. Photo par Ron Jaffe


 


Dresde - Mathew Picton Dresde en 1945, à base de partition de “l’anneau du Nibelung” de Wagner. Photo par Ron Jaffe


 


Portland - Mathew Picton Portland, construite avec le texte et la couverture du roman “L’Autre Côté du rêve” d’Ursula LaGuin, ainsi qu’avec les couvertures de DVD des films “Le Pic de Dante” et “Volcano”. Photo par Ron Jaff.


 


Londres - Mathew Picton Londres en 1666, à partir de l’ouvrage “Journal de l’Année de la peste” par Daniel Defo. Photo par Ron Jaff.


 


Dublin - Mathew Picton Dublin le 16 Juin 1904, créé à partir du texte de l’Ulysse de James Joyce. Photo par Ron Jaffe


 


Manhattan - Mathew Picton Manhattan, à base des titres de journaux traitant des attentats du World Trade Center, de la couverture DVD du film  “La tour infernale”  et de la couverture du roman “Le Complot contre l’Amérique” de Philip Roth. Photo par Ron Jaff.


 


Las Vegas - Mathew Picton Las Vegas en 1972, à partir de textes de Hunter S. Thompson dans son livre “Las Vegas Parano”. Photo par Ron Jaff.


 


 


Pour en savoir plus sur le travail de Matthew Picton c’est ici.


1: c’est à Dresde que le futur compositeur a passé son enfance et sa jeunesse et c’est également ici qu’il est devenu chef d’orchestre du Royaume de Saxe et que ses premières représentations ont connu un franc succès.



Paper Cities – Les sculptures cartographiques en papier de Matthew Picton

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie