vendredi 28 février 2014

La Pangée

Ou quand on pouvait piquer une tête dans l’océan entre la Suisse et l’Italie…


Les supercontinents sont, pour les paléogéographes, des masses continentales qui regroupaient nos continents actuels. Le premier d’entre eux était la Columbia qui s’est formé et divisé entre -1,8 et -1,5 milliard d’années. La suivante fut La Rodinia qui s’est fragmenté il y a 750 millions d’années. Ce morcellement s’est regroupé au paléozoïque (entre -550 et -250 millions d’années) pour former la Pangée qui se divisa également ensuite pour former la Laurasia au nord et le Gondwana au sud. Aujourd’hui, en attendant le prochain regroupement qui devrait apparaître dans quelques 250 millions d’années (et former la “Pangée Ultime” avec le rapprochement de l’Afrique, de l’Eurasie et des Amériques), l’Eurasie ou les Amériques peuvent être qualifiés de supercontinent.


Cette carte de l’italien Massimo Pietrobon est intéressante et nous montre que des pays qui sont aujourd’hui très éloignés les uns des autres ont auparavant eu une frontière terrestre commune (on imagine les problèmes géopolitiques que cela impliquerai si ils se retrouvaient voisins aujourd’hui). Par exemple:


  • Les Etats-Unis et la Mauritanie

  • L’Inde et l’Antarctique (qui n’est pas un pays mais un continent)

  • Le Tibet serait par contre, je pense, plutôt content de se retrouver très très loin de son encombrant voisin chinois.

On voit également que les plages de Rhône Alpes, qui proposaient certainement de très beaux couchers de soleil sur l’océan Thétys en formation, étaient assez étendues. Elles devaient également être vierges de touristes puisque les humains n’existaient bien sûr pas encore (loin de là d’ailleurs puisqu’Homo rudolfensis n’apparait qu’il y a 2,9 millions d’années et Homo habilis il y a 2,4 millions d’années). Nos ancêtres locaux étant les thérapsides (ou reptiles mammaliens) qui rassemblent la souche ayant donné les mammifères.


La France n’existait pas non plus mais je ne peux m’empêcher de penser que cette situation aurait été bien pratique pour le stéphanois que je suis… Cette partie de Thétys disparaitra ensuite avec la formation de l’océan Alpin puis la formation montagneuse bien connue, créée grâce à la rencontre de la plaque européenne et des plaques adriatique et africaine.


Un Gif animé de la dislocation de la Pangée:


Pangée animation



La Pangée

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

dimanche 23 février 2014

Les tatouages de cartes

Ou la feuille de pompe ultime pour les intéros de géographie (bien sur cela marche beaucoup moins bien pour les tatouages du dos…).


Les tatouages dans l’histoire


Le tatouage est une pratique qui existe depuis très longtemps puisque l’homme des glaces “ötzi” découvert dans les Alpes italo-autrichiennes et qui vécut il y a 3500 ans en arbore sur les lombaires et les jambes. De nombreuses momies retrouvées en différents endroits du globe portent également des marques de tatouages vieux de plusieurs millénaires (on en retrouve en Égypte, au Soudan, dans le Xinjiang, dans l’Altaï,…).


Des anciens Bretons qui lutèrent contre les romains aux peuples polynésiens, les tatouages étaient des signes distinctifs culturels qui marquaient une appartenance à un peuple, un clan et ces marques distinctives ont perduré jusqu’à notre époque par la longue tradition des marins qui restaient identifiables ainsi. Ces tatouages avaient d’ailleurs parfois une portée utilitaire: en effet, en se faisant tatouer de larges crucifix dans le dos, ces derniers se prémunissaient de la flagellation puisque la dégradation d’une image pieuse était interdite…


L’entrée dans la culture populaire


Ces tatouages sont restés l’apanage des marins (90% des marins anglais étaient tatoués à la fin du 19ème siècle), des criminels et autres marginaux pendant de longs siècles jusqu’à une évolution des cultures qui les a rendus acceptables en société, voir “tendance”. Aujourd’hui, on les trouve partout, notamment sur la très grande majorité des sportifs et de stars qui participent ainsi à leur démocratisation.


Même s’il existe différentes “familles” et quelques thèmes dominants: tatouages traditionnels (ancres, cranes, roses, cœurs, hirondelles), symboles tribaux (celtiques, native américans, Maori,…), citations calligraphiées, tatouages colorés “new school, on les retrouve sur des personnes de toutes les parties du globe et sans distinctions d’appartenance sociale. Il devient même difficile en certains endroits de trouver quelqu’un avec une peau encore “vierge” (en 1936, 6% des américains étaient tatoués, ils sont aujourd’hui 20% et même 40% pour la tranche d’âge 26-40 ans) et la caste des “non tatoués” sera peut-être bientôt minoritaire.


Ci-dessous un tatouage tribal représentant la nouvelle Zélande (double symbolique donc).


Tatouage New zelande tribal


 


 


Les tatouages “cartographiques”


On peut distinguer aujourd’hui l’émergence de certaines “sous-cultures” dans cette tendance et la famille des tatouages cartographiques en fait partie; tout en étant relativement peu nombreux ils montrent une certaine unité (qui est peut-être involontaire). Le tatouage le plus populaire est sans conteste la carte du monde, ce qui peut paraître rassurant dans un monde parfois pointé du doigt pour son nationalisme et son chauvinisme…


Une majeure partie de ces tatouages du monde sont réalisés dans le dos, et fonds passer les tatoués pour des géants Atlas contemporains, qui portent le monde d’aujourd’hui sur leurs épaules.


Ci-dessous quelques images de tatouages du monde réalisés dans le dos:


Tatouage carte du monde


Un tatouage particulièrement réussi (oui je suis objectif), même si j’ai quand même un doute sur sa véracité (peut-être un petit coup de photoshop ici…).


 


Tatouage carte monde dans le dos


Un autre exemple de monde sur les épaule, avec un graphisme particulièrement soigné.


 


Tatouage monde 1


Une version originale avec une représentation cartographique de style ancien.  


 


Tatouage monde 2


Une énième carte mais centrée différemment.


 


D’autres emplacements de tatouages sont également symboliques: avoir le monde à ses pieds, ou le monde au creux des mains:


Tatouages monde a ses pieds


Le monde à ses pieds


 


Tatouage le monde au creux des mains


Le monde au creux de la main


 


La projection de Mercator semble, elle, par contre, être passée de mode… Comment reconnaître une projection de Mercator?  C’est assez simple: il suffit de comparer l’Afrique et le Groenland, s’ils sont de la même taille alors la carte est dans cette projection (en réalité l’Afrique est 14 fois plus vaste que le Groenland!).


On peut également rencontrer des tatouages de cartes plus locales qui montrent son appartenance à sa ville natale et qui scande combien notre lieu de naissance nous est cher, qu’on l’a dans la peau….


Tatouage Hanovre


Carte de Hanovre


 


Tatouage Portland


Carte de Chicago.


 


On peut aussi croiser des tatouages plus originaux, comme les coordonnées géographiques inscrites sur le bras d’Angelina Jolie (une pour chaque lieu de naissance de ses enfants).Tatouage Angelina jolie


 




Ou encore ces deux encres sur deux mains droites imitant la forme de l’Alaska et situées à l’emplacement d’Anchorage. 


Tatouages ancres anchorage


 


Un autre beau spécimen: un tatouage de coupe géologique:


Tatouage coupe géologique


 


Ci-dessous un tatouage cartographique plus pratique qu’esthétique (selon moi bien sur): un plan du métro de Chicago:


Tatouage plan métro Chicago



Voilà il ne vous reste plus qu’à choisir le votre…

Article en partie inspiré de l’article de Franck David sur Big Think: http://bigthink.com/users/frankjacobs



Les tatouages de cartes

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

dimanche 9 février 2014

L'Afrique sans la colonisation

A quoi ressemblerait l’Afrique si elle n’avait pas été colonisée?


Nikolaj Cyon, un artiste suédois de 28 ans, s’est intéressé à cette question et nous propose cette carte originale du continent africain où il occulte volontairement la période de colonisation et ses traçages de frontières arbitraires. Il s’est pour cela fondé sur les “unités politiques et tribales” de 1844, soit à la veille du partage de l’Afrique entre les puissances européennes.


Cette carte de l’ALKEBU-LAN (le plus ancien et le seul terme d’origine indigène pour désigner l’Afrique, qui était utilisé par les Maures, les Nubiens, les Numides, les Carthaginois, et les Éthiopiens) n’est pas l’œuvre d’un historien confirmé (même si plus de six mois lui ont été nécessaires pour ses recherches) mais d’un artiste “révolutionnaire et rêveur” (comme il se définit lui-même). Ce projet est néanmoins intéressant à plus d’un titre et nous donne à réfléchir sur les aspects complexes des civilisations, de l’impérialisme et du racisme.


Cette représentation à pour but de nous faire méditer sur les conséquences de l’histoire et ses implications sur notre perception actuelle du monde. C’est dans cet esprit que le sud du continent est placé en haut de la carte, pour casser notre vision traditionnelle de la cartographie européenne. La projection azimutale équivalente de Lambert est également utilisée à la place de la projection de Mercator standard pour respecter les proportions réelles et le rapport de taille entre l’Afrique et l’Europe.


Les frontières que l’on connaît sont donc remplacées par celles des royaumes africains historiques, limites naturelles et linguistiques. Les noms des pays et villes sont les appellations indigènes, ou, le cas échéant leur retranscription en Swahili, qui a été la langue dominante en Afrique australe.


L’artiste situe cette carte dans un univers alternatif, en 1844 AD (1260 dans le calendrier islamique). Le point de divergence est la peste noire du 14ème siècle qui aurait tué les quatre cinquièmes de la population de l’Europe au lieu des 1/3 estimés dans notre réalité. La population de l’Europe serait alors anéantie, et le monde dominé par la Chine et les musulmans. Les Arabes auraient conquis le Mexique, ce qui leur a fourni de l’or et les méthodes de culture du maïs alors que la production de tissu de raphia dans l’Empire du Congo aurait explosé et conduit à l’industrialisation de cette région. Les bateaux à vapeur auraient également accru le commerce sur le fleuve Niger et enrichi le Bénin, le Dahomey, etc. Ce présent alternatif était une réalité possible si l’histoire avaient été quelque eu différente.


Les crimes du colonialisme et les horreurs de l’esclavage sont assez bien connus, mais cette carte nous aide à prendre conscience de ce qui existait avant: les grandes civilisations africaines quelques peu oubliées par l’enseignement actuel.


La carte entière:


Carte de l'Afrique sans la colonisation


 


Le site web de Nikolaj Cyon est ici.



L'Afrique sans la colonisation

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie