dimanche 29 décembre 2013

Une carte des vents complètement hypnotique

La magnifique carte des vents ci-dessus (simple capture d’écran, l’originale est intéractive) a été conçu par l’ingénieur logiciel Cameron Beccario. Elle représente cette ancienne et invisible source d’énergie qui nous entoure, qui propulsa les premiers explorateurs du monde et sera peut-être une des clés du futur… (si vous n’avez pas deviné, ni lu le titre, c’est le vent…)


Cette imagerie rappelle sous certains aspects le projet « Perpetual Ocean » de la NASA visible ci-dessous en vidéo :



Mais elle tire sans doute sa plus grande inspiration de la « wind map » dehint.fm.


Mais là où hint.fm représente les modèles de vent pour les États-Unis seulement, la présente cartographie interactive montre les conditions météorologiques à l’échelle mondiale.


Une autre différence notable: la visualisation de Beccario utilise la couleur pour représenter les différentes vitesses de vent et un grand nombre de paramètres réglables pour illustrer comment les conditions météorologiques varient dans les différentes couches de l’atmosphère de la planète. Il est même possible de choisir parmi huit projections cartographiques différentes sur lesquelles visualiser les données !


Le Produit final est une expérience interactive très esthétique mais également incroyablement riche en information : outre la possibilité de zoomer de manière assez fine sur chaque portion du globe Il est également facile d’agir sur les paramètres de pression atmosphérique (plus la pression, mesurée en hectopacscales, est importante, moins l’altitude l’est). Cette dernière variable change totalement la représentation et permet de distinguer les grands courants atmosphériques (jets streams).


Ci-dessous des représentations en basse et haute altitude (1000 et 10 hPa).


 


Carte des vents - 10 hPa


Carte des vents - 1000 hPa


Foncez maintenant essayer cet outil exceptionnel par vous-même. Ça se passe ici.


 


 


 



Une carte des vents complètement hypnotique

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

mardi 10 décembre 2013

Un plan du métro de Paris original

Voici une carte, ou plutôt un plan, qui n’intéressera pas tout le monde. Mais ceux qui habitent Paris, ou y ont habité comme moi, devraient sourciller devant cette représentation pour le moins originale de plan du métro de Paris.


Avec ses nombreuses lignes qui tournent dans tous les sens, le Métro de Paris (un des plus grands réseaux ferrés urbains) a toujours été un défi cartographique qui est ici relevé haut la main par Maxwell J. Roberts. Ce dernier est psychologue et chercheur en  logique et déduction de la pensée humaine à l’agence cartographique londonienne (domaine de recherche pour le moins pointu…).


Les plans comme celui-ci (donc concentriques) sont « une façon nouvelle et controversée d’imaginer les réseaux de métro à travers le monde. Ils peuvent fausser la géographie, mais font apparaître un niveau presque inconnu dans l’organisation des villes ». Les puristes qui n’apprécient pas les plans trop schématisés devraient être assez réfractaires mais je trouve que les aspects esthétiques et informatifs y sont vraiment intéressants, et qu’ils soient géographiques (donc proches de la morphologie réelle, avec les vrais emplacements des stations) ou schématiques, chacun de ces plans a une utilité. Cette version-ci montre particulièrement bien l’organisation et les liaisons du réseau.


Pour les curieux: d’autres plans concentriques d’autres grandes villes sont visibles ici.



Un plan du métro de Paris original

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie

dimanche 1 décembre 2013

Viennoiserie et clash des religions

Passant régulièrement mes vacances dans le sud-ouest une question me taraude depuis longtemps : pourquoi  dans cette contrée le classique pain au chocolat porte-t-il le nom de chocolatine ?


On va y venir, mais d’abord un peu d’histoire :


Les viennoiseries ont depuis longtemps un lien fort avec la question religieuse puisque selon une des nombreuses légendes pâtissières qui courent, le croissant aurait été produit pour fêter la déroute des ottomans à Vienne (et donc créé à l’image de la demi lune du drapeau de l’envahisseur). Une autre légende voudrait qu’il ait été inventé pour fêter la première grande alliance entre des puissances chrétienne et musulmane (en l’occurrence François 1er et Soliman de magnifique, en 1536) qui durera jusqu’à l’invasion française de l’Egypte ottomane par Napoléon en 1798… Ainsi l’humble croissant ne serait rien d’autre qu’un ancien symbole du clash des civilisations et des relations tumultueuses entre l’islam et la chrétienté ?


Un de ses comparses du petit déjeuner lui a également brièvement volé


la vedette dans ce registre, lorsqu’il a été lourdement utilisé dans une sortie médiatique « décomplexée » de M. Copé l’année dernière lors du meeting UMP de Draguignan. Mais l’instrumentalisation du pauvre pain au chocolat à des fins d’ouverture cynique vers l’électorat d’extrême droite a eu pour effet (autre que le battage médiatique recherché) l’ouverture d’un débat secondaire, linguistique,  plus intéressant ; cette viennoiserie de la discorde n’est appelée « pain au chocolat » que dans une partie du pays alors que l’autre ne la connaît que sous le nom de « chocolatine »…1


Deux web designer français se sont alors intéressés à cette question et un sondage internet leur a permis de créer la belle carte isoglosse² suivante :


Chocolatines ou pains au chocolat


On voit que le pain au chocolat sort largement vainqueur de la confrontation et que la scission est claire entre les deux camps : les pro chocolatine étant très majoritaires dans le sud-ouest du pays (97% dans les Pyrénées-Atlantiques, 73% dans le Cantal,..) alors que l’opposition des pains au chocolat recueille les suffrages du reste du territoire. Des zones d’irréductibles chocolatines subsistent néanmoins dans le nord (à Paris avec 11% ou encore vers Aubenas à l’est). L’exclave (j’aime bien le mot) des Pyrénées-Orientales, autour de Perpignan recueillant quand à elle un 77à 23 en faveur des pains au chocolat.


Leur étude explique également, en se basant sur l’occurrence du mot dans la littérature,  que le terme de chocolatine détenait en fait le monopole jusque dans les années 40 avant d’être brutalement remplacé par son concurrent vers le milieu de cette décennie. La chocolatine est donc moins une variante régionale qu’une relique langagière qui subsiste encore dans le sud-est !


Mais pourquoi donc dans le sud-ouest ?


Quelques possibilités :


-          Serait-ce le fait que la région vote généralement différemment du reste de la France lors des élections présidentielles3 ?


-          Ou alors que la zone corresponde vaguement à l’ancien royaume Visigoth défait à Vouillé en 507 par les Mérovingiens ?


-          Ou enfin, et c’est là qu’on retombe contre toute attente sur nos pattes et sur l’anecdote nauséabonde de M. Copé, la position de garde frontière de la ville de Poitiers entre les deux variantes de la même pâtisserie ferait-elle écho à celle ou Charles Martel fixa les limites de l’avancé des armées musulmanes Omeyyades en 732 ? Serait-il temps de mener une croisade contre le mot chocolatine ?


Au final je pense qu’on peut affirmer que l’on n’a pas la moindre idée du pourquoi de cette différence d’appellation. La réponse à cette question universellement débattue n’est pas non plus 42 mais on voit qu’avec un peu d’imagination les rapprochements les plus improbables sont toujours possibles…


 


 


1oui je sais, que de digressions pour en arriver là…


2Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est un isoglosse : le mot désigne une ligne correspondant à l’ensemble des lieux limites présentant un même phénomène linguistique et séparant, sur une carte, deux aires dialectales distinctes. (Robert historique de la langue française).


3tout du moins pour les premiers tours de 2007 et 2012


Article original de Frank Jacobs sur http://bigthink.com/



Viennoiserie et clash des religions

Article publié sur le blog du site web de Pacha cartographie